Jeudi 11 Avril 2019 – Après-midi
Je savais que je retournerai faire un tour à Amanohashidate car lors de ma visite au printemps 2016, j’étais accompagnée d’une sympathique japonaise rencontrée à Osaka mais je n’avais pas osé la contraindre à y stagner trop longtemps.
Je profite donc de mon escale à Kyoto qui de toute façon est infréquentable à cette saison pour y faire un saut en train. Aller seule à Amanohashidate afin de mieux prendre le temps et cette fois-ci je pousse la balade jusqu’à Ine distante de quelques kilomètres.
Amanohashidate est une petite ville au bord d’une baie traversée par une longue bande de sable plantée de pins maritimes longue de trois kilomètres et large de quelques mètres seulement qui fait la jonction entre deux monts.
A chaque extrémités de la bande de sable, il y a des câble-cars et des chair-lifts permettant d’avoir une belle vue de très haut.
C’est un assez long trajet de deux heures en train depuis Kyoto pour rejoindre la côte nord de la préfecture de Kyoto au bord de la mer du Japon.
Un long périple m’attend donc dès lors que mon réveil sonne à 6 heures. Je me prépare rapidement pour attraper le métro à Shijo qui me laisse à la gare de Kyoto une heure plus tard.
Bon c’est large du coup pour attraper le train de 7h32 en direction de Fukuchiyama, la première escale.
A partir de Fukuchiyama, ça devient un peu « chaud-tendu » car je n’ai que six minutes pour attraper le train suivant qui va à Amanohashidate.
Comme ils font les choses bien dans ce pays, il y a des agents sur le quai pour informer les passagers du numéro du quai de la correspondance. Ok, ils gèrent. La destination est touristique avec beaucoup d’étrangers donc ils anticipent les questions des gens perdus.
Au moment de changer de quai et de compagnie de train (car le second train est géré par une compagnie privée qui ne prend pas mon JR Pass en compte), je présente mon JR pass et le gars stressé me dit « no, no, ticket ! » Ha, mince, je pensais payer le supplément dans le train mais bon pas là visiblement car je suis en gare et il me fallait donc le ticket de suite.
J’avais vu sur l’excellent site internet « Hyperdia » (qui donne les itinéraires, les horaires, les prix des trajets de train entre deux gares) qu’il m’en coûterait 770 yens pour faire la deuxième portion privée.
Il me reste quatre minutes pour prendre le ticket et à la caisse il y a trop de monde. Donc je me dirige rapidement au distributeur uniquement en japonais et j’appuie sur 770. Mon ticket est éjecté, ok, c’est cool, merci « Hyperdia ».
Bah ça plaît pas trop au monsieur de plus en plus stressé et pour cause, l’heure tourne et le train démarre à 08h54.
Il prend les choses en main car le train va partir et j’ai droit à 650 yens de supplément… Bon il se trouve que le train que je veux prendre est un train express, le Limited Express Tango Relay qui ne met qu’une demi-heure au lieu d’une heure pour le suivant.
Mais mon temps est compté car je veux aller faire un tour au beau village de pêcheurs de Ine à 20 km donc c’est CE train qu’il me faut.
Je monte sur le quai et mon cerveau voit 08h54 affichés sur l’horloge, l’aiguille un cran avant le 55…
Damned !! non, ouf !!
Les portes se ferment derrière moi …
Le temps d’éponger la sueur de mon front, je m’aperçois que le train est splendide avec une espace « salon » à l’avant du train derrière le conducteur comprenant de jolies boiseries et des sièges de couleur.
Pour un express, la balade est tranquille quand même.
Bon, me voilà enfin arrivée en gare de Amanohashidate et je demande de suite les horaires de bus pour Ine car souvent ils programment les horaires de bus aux stations des gares quelques minutes après que les trains soient arrivés. Efficacité !
Je passe une très belle matinée à Ine où j’ai pu me remplir d’images de funaya, ces maisons-hangars à bateaux sur les bord de la baie. Je reviens à Amanohashidate en bus en m’arrêtant au nord de la baie et de sa bande de sable, à l’arrêt « câble-car ».
Une fois la route traversée, il y a une allée pavée, bordée de petits commerces bien sympathiques qui monte à la station de téléphérique.
Je prends un ticket round trip en chair lift que je paye 660 yens au distributeur.
Je me dépêche car il y a un troupeau de touristes qui arrive !
La vue est magnifique ! L’ascension en télésiège est vraiment toute douce en effleurant presque le sol, no stress pendant 5 minutes. La montée est bordée de cerisiers. Partout ils sont en fleur !
Arrivée en haut, au Kasamatsu Park, il y a beaucoup d’activités : un restaurant, un magasin de souvenirs, un petit café avec des tables à l’extérieur mais surtout, surtout …
Surtout, le point de vue extraordinaire sur cette langue de sable. A peine descendue de la chaise, une fois dans les escaliers de sortie, se retourner pour admirer la vue.
De ce côté nord de la bande de sable, on se trouve sur la droite donc on ne voit pas les plages de sable en arc de cercle cachées par les forêts de pins.
J’en profite un petit moment quand une dame vient me demander en japonais si je veux qu’elle me prenne en photo avec la baie en fond.
Je lui dis non merci mais en fait je ne sais pas si je l’ai bien comprise… Puis elle m’invite à prendre un café avec ses amies. Je suis un peu gênée car c’est la première fois qu’on m’offre un café. Ces trois petites mamies de 70 ans pleines de vie et de bonne humeur venaient de Kyushu. On a essayé de discuter avec mes rudiments de japonais qui les ont fait éclater de rire plusieurs fois mais en gros on s’est un peu comprises quand même.
Au bout d’un moment on s’est séparées car elles repartaient vers Kinosaki onsen.
Depuis la terrasse, on peut lancer des disques de terre cuite au travers d’un anneau planté un peu en contrebas. Il est dit que les vœux sont exaucés en cas de réussite. Je me rappelle que j’avais essayé ce rituel que l’on rencontre assez souvent en haut de point de vue. C’était en haut du plateau Yashima de Takamatsu à Shikoku. Mais sans succès !
Touchante attention pour les amoureux, un pavillon dédié aux couples pour se faire prendre en photo avec un bel arrière-plan.
Et puis une salle dédiée aux touristes qui voudraient contribuer à remplir de leurs petites phrases les papiers en forme de pétales de sakura. Comme ça, juste pour le plaisir de participer. Il y a là un tampon encreur pour les fans comme moi de dessins imprimés spécifiques à l’endroit touristique.
La coutume ici est de se pencher en avant pour regarder la bande de sable entre ses jambes, la tête en bas. Il parait qu’on imagine le banc de sable comme un pont dans le ciel. Bon, je n’en ai pas été vraiment convaincue mais il faut dire que cela doit mieux marcher quand le ciel est uniforme et de la même couleur que la mer.
Je reste encore un peu là-haut pour me remplir de cette vue puis je redescends tranquillement sur ma petite chaise. Après avoir retraversé la route, un petit passage conduit vers le départ de la balade sur la bande de sable.
Je traverse à pied les 3 km et demi que mesure la bande de sable. En fait ça va assez vite et je suis restée presque tout le temps toute seule pour ma balade au milieu des pins et de leur odeur qui me replonge en France.
De temps à autre, un couple en sens inverse ou bien un cycliste qui a loué son vélo à l’une des deux extrémités.
La fin de la balade est marquée par un magnifique pont bleu puis un suivant dont un mécanisme le fait pivoter sur lui-même afin de laisser passer les bateaux.
J’arrive vers 15H00 côté sud de la baie. Finalement bien plus tôt que je le pensais au vu du programme chargé de la journée. L’idée était quand même de ne pas louper le dernier train vers 19H donc j’ai pas mal abrégé les étapes. J’ai trop abrégé du coup ..
Je fais traîner un peu en allant visiter le temple Chion-ji et sa pagode que j’avais déjà vus la première fois. Dans le jardin agrémenté de plusieurs pins et de cerisiers, les gens ont accroché des petits éventails en papier aux branches du bas en guise de ema.
Je commence à avoir un peu la dalle surtout que j’ai 2 heures de train qui m’attendent. Là non plus, finalement, pas de supérette. Je m’achète donc une pâtisserie en forme de poisson farci au chocolat à côté de la gare. Bizarrement, c’est une sorte de pâte feuilletée fourrée à la pâte à tartiner. Pas vraiment local.
Puisque j’ai du temps je vais faire la montée côté sud. C’est du déjà-vu pour moi mais de ce côté, la bande de sable présente ses multiples petites plages en arc de cercle le long de la traversée.
Le prix n’est pas le même que de l’autre côté car ici c’est 850 yens mais on a accès au petit parc d’attractions.
Arrivé en haut là encore des cerisiers en fleurs partout et donc le petit parc d’attractions comprenant une grande roue, un itinéraire en petit train sur des rails métalliques au sol ou encore en voiturette dans les airs. Plus loin, des autos tamponneuses et autre petits jeux. Des cerisiers en fleur impressionnants ainsi qu’un manège rétro. Très féerique comme ambiance. Dommage qu’il n’y ait pas grand monde, cela donne un côté abandonné qui ne va pas avec cet endroit.
La vue du banc de sable est différente ici car on voit mieux les plages, cachées par les pins quand on est de l’autre côté. La coutume « matanozoki » est ici aussi respectée par les quelques touristes qui se penchent en avant tour à tour. On dit qu’ici, depuis ce côté sud, on peut y reconnaître un dragon s’envolant. Bon …
Je ne me voyais pas profiter des manèges toute seule, encore que, et je suis redescendue tranquillement en chair lift avec la vue sur la baie qui s’effaçait peu à peu.
Comme souvent, je pense à ce moment-là que je vois ces paysages pour la dernière fois…
Arrivée à la gare toute proche, j’ai pris mon billet de retour avec une réservation pensant que c’était gratuit mais pas du tout. C’était encore 200 yens supplémentaires donc au final cela m’a coûté 1620 yens.
Ça fait un peu cher la journée (3640 yens de transport avec le bus soit environ une trentaine d’euros en plus de mon JR Pass) mais ça valait vraiment le coup et puis il n’y avait pas grand monde finalement sur cette journée, bien loin de la cohue de Kyoto.