Samedi 13 Avril 2019
La ville de Matsumoto est véritablement une étape à ne pas manquer quand on est à Nagano. A moins d’une heure de train, on peut très facilement y passer la journée qui promet d’être bien remplie.
Pour cette journée, j’avais préparé mon itinéraire de balade dans la ville avec quelques lieux immanquables comme bien sûr le château mais aussi le musée de Yayoi Kusama et la ruelle Nawate street. Pas besoin de transport en commun pour se déplacer, tout se fait à pied sans effort, les points les plus éloignés n’étant qu’à maximum un kilomètre et demi l’un de l’autre.
Je mets le nez dehors tôt ce matin à Nagano et je vois avec plaisir que le ciel est d’un bleu intense. Il ne me faut que 45 minutes pour aller à Matsumoto avec le Limited Express Wide View Shinano.
Hum, sur les 10 voitures que comprend le train, seulement deux sont allouées aux non-réservations et il n’y a plus une seule place.
Depuis la passerelle, je profite malgré tout de la vue qui est superbe sur le trajet qu’emprunte le train avec ces montagnes enneigées. Certains champs sont plantés de drôles d’arbres fruitiers encore en bourgeons et dont les branches nues s’étendent horizontalement comme de multiples bras monstrueux.
Au moment où je compte prendre des photos depuis la fenêtre, un malotru me pique la place en se collant bien contre moi ce qui me fait dégager.
A l’office de tourisme de la gare, je fais le plein de brochures touristiques et déjà en sortant sur le parvis c’est plutôt agréable et animé. Plusieurs rues en partent en étoile et sont bordées de commerces et bars-restaurants.
Je me dirige vers le premier point de mon itinéraire qui est un tout petit sanctuaire shinto, Kasamori Inari accolé au temple Jorin-ji au sud-ouest du château à mi-chemin de la gare.
J’ai repéré un autre spot important sur ce trajet où se trouve une belle plaque d’égout que je vais rajouter à ma collec.
Mais j’en trouverai un peu partout en ville.
Puis rapidement j’arrive le long de la rivière Metoba dont les berges sont larges et plantées d’herbe et de cerisiers qui commencent seulement ici à être en fleur à cause des températures plus fraîches. Cela fait drôle de voir le processus de floraison se répéter à nouveau sur ce même voyage que j’ai débuté à Kyushu, il y a trois semaines.
Ces berges sont très agréables et d’ailleurs certains gamins s’y amusent et de jeunes couples s’y prélassent.
Sur le pont Sensai qui précède la rue piétonne Nawate est accrochée une guirlande de koinobori traversant la rivière avec derrière le beau bâtiment du Timepeace Museum. Dans moins d’un mois, le 5 mai, c’est la fête des enfants et on retrouve ces manches à air colorés en forme de carpes suspendus un peu partout.
Tout juste après le pont débute la rue piétonne Nawate Dori qui longe la rivière et dont l’entrée est marquée par une statue de grenouille en pierre, animal symbole de la rue car elles y étaient nombreuses par le passé témoin d’une rivière moins polluée et qui est sensé porter chance aux passants.
Une impressionnante composition de grenouille et crapaud armés de katana, Gama-samurai, s’impose aux côtés de l’horloge.
Au milieu de la ruelle se trouve le temple Yohashira qui permet une halte au milieu des nombreux petits commerces de la ruelle où se concentrent des grenouilles de multiples formes et matières.
Les arrières des boutiques de la Nawate dori donnent sur un muret de grosses pierres qui surplombe la rivière et témoignent encore d’une époque ancienne.
Je rejoins la fin de la ruelle là aussi marquée par une statue de grenouille en passant devant un café-terrasse ce qui est rare au Japon et une vieille échoppe de bric à brac.
Au bout de la rue, je bifurque à gauche afin de rejoindre le château par la partie nord-est en premier lieu.
Pas grand monde dans les rues alentour mais quand j’arrive aux abords du château et de ses douves, c’est la grosse claque quand j’aperçois à peine cachées par les arbres les douves bordées de cerisiers en fleur.
Le site promet d’être exceptionnel. Les montagnes enneigées en fond rehaussent encore la beauté du lieu.
Il y a évidemment un peu de monde mais ça va, il est encore tôt. Je trouve un plan du château mais comme d’habitude, le nord n’est pas en haut de la carte. A chaque fois il est positionné aléatoirement sur le plan donc contorsions obligées pour savoir se situer. Ici le nord est en bas et je me dévisse la tête. Du coup, je suis sur le premier îlot du plan d’eau qui abrite les ruines de l’enceinte secondaire Ninomaru du palais.
Au bout, se trouve la porte Taikomon en haut de laquelle on peut monter et apercevoir le château dissimulé derrières quelques arbres.
En poursuivant sur le chemin on finit par déboucher sur une première vue du château depuis le sud-est. Je ne suis pas mécontente de le découvrir petit à petit car c’est à chaque fois plus beau. Un petit passage en pierre mène à l’entrée principale Kuromon située au sud du château.
Devant l’entrée du château, un panneau indique qu’il y a 50 minutes d’attente pour rentrer dans le château et qu’il faut compter une heure pour visiter l’intérieur tellement il y a de visiteurs. J’hésite … Mais je prends quand même un ticket à 610 yens afin de rentrer dans l’enceinte et de pouvoir le voir de face.
Des figurants en tenue espèrent nous plonger dans l’époque Edo et c’est avec beaucoup de sympathie qu’ils se prêtent au jeu et se laissent photographier. Les tenues que portent les « samurai » sont vraiment belles et riches de détails.
Ça y est, cette fois je suis en face du château. Il est vraiment impressionnant et très classe avec ses murs noirs rehaussés de blanc. Il mérite bien son nom de château noir du corbeau.
La file d’attente est en effet assez longue. Pour faire patienter les gens, deux personnes habillées en samurai posent pour des photos avec les touristes.
Petite pause clope dans un local fermé par des palissades en bambou et tellement exigu qu’on ne rentre qu’à cinq maxi. Ce n’est pas super sympa pour les fumeurs d’être parqués là-dedans et j’ai vu bien plus convivial dans les lieux touristiques qui souvent accordent des endroits avec une belle vue.
J’agrémente cette pause d’un café au distributeur mais ce sera sans sucre car je n’ai rien compris au texte.
Ne sachant que faire d’autre finalement à part me remplir de cette vue, et comme la file a un peu diminué, je m’y rajoute et poireaute une demi heure environ. C’est bientôt mon tour et on nous remet une poche plastique pour y mettre nos chaussures. Poche que chacun garde à la main pendant toute la visite. Ce n’est pas hyper pratique avec les escaliers de bois ultra raides et dont les marches sont parfois de 40 cm de haut et glissantes, surtout en chaussettes.
La visite ne me remplit pas d’extase mais bon je ne suis pas fan des intérieurs.
Ici, il est fait de paliers de bois avec quelques expositions d’armes, de tenues, de peintures de batailles.
Pour changer de niveau, on emprunte des escaliers très étroits qui servent pour la montée et la descente. Donc chaque groupe doit attendre que les autres soient passés, petit ballet à tous les étages.
Ce qui fait que évidemment comme il y a tellement de monde, la visite prend une heure alors qu’il y a peu à visiter en fin de compte.
Le dernier et sixième étage arrive bien vite finalement car les pièces sont petites à chaque étage. Je m’attendais à quelque chose de spectaculaire mais non , c’est une pièce vide d’une vingtaine de mètres carrés.
Bon, ben, on redescend maintenant …
Heureusement que j’ai tout mon temps car pour ceux qui ont un train c’est un peu galère. Il est impossible de redescendre en vitesse.
Je quitte l’enceinte du château pour en faire le tour et le voir sur les autres côtés. En fait il est superbe tous les côtés.
Au nord ouest un pont rouge si’invite sur la photo. Merci !
Malheureusement l’accès au pont est fermé mais on peut se poser et admirer la vue en compagnie des nombreuses carpes koi qui viennent barboter près de nous.
Sur une partie arborée de cerisiers mais sans herbe, les gens ont posé leurs bâches sur le sol humide pour faire hanami.
Parmi eux, quelques jeunes très enjoués font des jeux avec les passants déclenchant des rires et une bonne ambiance.
Allez, une dernière photo pour la route avant de partir.
Petite halte au konbini à la sortie du parc pour acheter à manger, puis aidée de mon plan hors connexion, je prends plein sud et j’arrive dans une rue commerçante, parallèle à la Nawate dori, deux rues plus au sud. C’est la rue Nakamachi.
On y trouve des produits de bouche, quelques cafés et magasins d’artisanat.
C’est une rue semi piétonne, donc moins agréable pour flâner la tête en l’air. Les façades des magasins sont ornées de croisillons blanc et noir.
Arrivée à son extrémité est, je pique au sud pour rejoindre le musée d’art contemporain Yayoi Kusama, Le Matsumoto city Museum of Art.
Au départ, j’y suis allée seulement pour voir la sculpture à l’extérieur créée par l’artiste Yayoi Kusama. C’est un énorme bouquet de tulipes de toutes les couleurs mais comme l’entrée du musée n’est qu’à 410 yens seulement, ce serait dommage de ne pas en profiter.
Il y a peu de visiteurs dans le bâtiment et c’est au dernier étage qu’est réservée l’expo permanente de l’artiste qui a prêté quelques œuvres puisqu’elle est native de Matsumoto.
Les photos sont interdites malheureusement sur cette expo et seule une sculpture présentée au rez de chaussée à côté de la caisse est autorisée : la Thinking Pumpkin.
Dans cette expo, quelques petites salles où il y a peu d’œuvres, malheureusement, mais ça reste absolument impressionnant pour ceux qui sont fans comme moi.
La première pièce expose quelques tableaux de sa plus jeune période. Des petits formats déjà très classes avec un mélange de collages et de peintures.
La pièce suivante fait partie de mes préférées puisque elle met en scène ses pois rouges et blancs, les Polka dots, thème récurrent de Yayoi Kusama : la Infinity Mirror Room. Il s’agit d’une petite pièce rectangulaire, les petits côtés fermés par des rideaux qui marquent l’entrée et la sortie et sur les grands côtés à mi hauteur et sur toute la longueur, deux bacs remplis d’une multitude de petits tentacules agglutinés de taille et forme différente en tissu blanc recouvert de pois rouges . Cela fait comme des gros vermisseaux qui se tortillent.
Des miroirs tapissent les longs côtés sur la partie supérieure ainsi que le plafond. De même, deux bandes de miroirs sur les bords des petits côtés. De telle sorte que les bacs sont entourés de miroirs. Il en résulte une infinité d’images superposées de ces petits boudins qui remplissent le champ de vision. Extraordinaire !
C’est un peu le même principe dans la quatrième pièce, toute peinte en noir, complètement obscure, avec en son centre une cage de verre à 6 côtés abritant un lustre aux gouttes de cristal illuminées. Des miroirs au plafond et autour de nous permettent de voir une infinité de lustres à la manière d’un kaléidoscope : « Chandelier of Grief ».
Entre ses deux pièces, plus sobre mais super beau, des sculptures en forme de gros cônes arrondis, formes tentaculaires et protubérantes, posés sur le sol et qui semblent se tortiller. Ils sont recouverts de mosaïques dorées et unies parsemées des pois en mosaïque également un peu partout. La classe !
La dernière pièce comporte des grands tableaux disposés par 12 en noir et blanc . Du dessin avec répétition de motifs : oeil, visage à chaque fois. S’y trouve aussi une de ses dernières créations en couleur.
C’était vraiment trop la classe.
Je suis repartie en direction de la gare en flânant dans les ruelles très tranquilles où passaient parfois quelques canaux décorés de fleurs. L’occasion de retrouver quelques magasins fabriquant les koinobori et autres boutiques de bric a brac.