Vendredi 5 Avril 2019
Déjà huit jours que j’ai posé le pied au Japon en commençant par la grande île de Kyushu que je quitte ce matin un peu à regret quand même.
Le voyage continue pour deux journées seulement sur l’île voisine de Shikoku que j’ai déjà visitée en partie lors de deux précédents voyages. Cette fois, je vais découvrir Matsuyama, son château et le Dogo Onsen très réputé et faire une partie de la piste cyclable « Shimanami Kaido », le lendemain.
Le moyen le plus simple et le plus sympa de rallier Shikoku depuis Beppu est de prendre un ferry jusqu’à Yawatahama à la pointe ouest de Shikoku. La compagnie de ferries est la Uwajima-Unyu qui propose 5 ferries par jour.
Le mien sera celui de 09h45 qui tombe pile-poil et j’arrive au port de Beppu (arrêt Beppu Kotsu Center) après un très bref trajet en bus depuis mon hôtel.
La traversée ne dure que 2h45, ce qui finalement passe très vite surtout quand on profite de la croisière sur le pont supérieur aérien pour regarder cette belle Mer Intérieure de Seto et ses petits îlots disséminés un peu partout.
Ce ferry bien que très imposant ne propose pas beaucoup de places assises sur ses deux niveaux. Quelques petits salons de banquettes et un grand espace à tatamis. De toute façon, il n’y a qu’une cinquantaine de passagers tout au plus.
Sans crainte de laisser mes bagages (on est au Japon !) je fais le tour des lieux. Un groupe de touristes français est là avec leur guide et vont aussi à Matsuyama.
Il y a à côté de moi sur les banquettes deux mamies avec qui je discute une bonne demi heure avec mes trois mots de japonais. On ne se comprend pas tout le temps mais l’essentiel y est. Le wifi gratuit à bord m’aide à faire quelques traductions quand même.
Les dames continuent de discuter et une troisième s’est invitée. Elle vient d’Imabari, je lui dis que j’y vais demain pour faire du vélo. Je l ‘arrête vite en lui disant que je ne parle pas japonais car elle s’est lancée dans une grande conversation avec moi. Je suis même prise en photo.
Le bateau arrive pile à l’heure à 12h30, ce qui me laisse une heure pour rejoindre la gare à 2 km.
Mon GPS ne marche pas du coup je stresse un peu de me planter de route car une heure ne sera plus suffisante.
Après avoir dépassé ma belle plaque d’égout, au port, que j’avais repérée avant de partir grâce aux coordonnées GPS trouvées sur un site dédié aux plaques d’égouts au Japon (j’en fait la collec !), je demande mon chemin à une très vieille dame qui m’explique longtemps comment y aller en japonais évidemment mais en gros je suis sur la bonne route et c’est tout droit.
J’arrive avant le bus que j’aurais pu prendre mais bon il suffisait de longer le canal.
La troupe de français est déjà là, arrivée en taxi.
Une dame discute avec moi au coin fumeur de la gare et on parle bouffe. Elle est très décontractée et sympathique et me conseille un plat à tester mais je n’ai rien compris au mot qu’elle m’a dit …
Le train de 13h27 est un express et en effet il carbure, j’arrive à peine a écrire sur ma tablette. Au bout de 10 minutes de trajet, on passe devant le beau château d’Ozu, belle surprise.
Ce train est une tuerie de décoration avec la figurine ronde de AnpanMan et des bonhommes peints tout le long.
Arrivée en gare de Matsuyama même pas une heure plus tard, y’a pas le feu au lac car l’hôtel est à juste à 100 m et ne sera disponible qu’à 15h.
Je grille une cigarette et tente ma chance quand même pour le check in même si on peut toujours laisser ses bagages à la réception.
Mais elle est déjà prête et je me décharge de la grosse valise qui enfle au cours du voyage. La chambre est un peu décrépie, enfin elle ne respire pas le neuf comme les précédentes.La fenêtre s’ouvre ici aussi et heureusement pour une chambre fumeur.
Alors partons à l’aventure de Matsuyama !
D’abord vu le peu de temps jusqu’à ce soir, je mise comme tout le monde sur le château et puis ensuite le Dogo Onsen.
L’hôtel est à côté d’un arrêt de tram. J’ai du mal à trouver la bonne ligne et le bon arrêt pour le château mais je finis par descendre pas trop loin. J’ai seulement une rue commerçante très large où il n’y a pas grand monde à remonter.
Le tram ne prend pas la carte Suica mais seulement leur carte magnétique attitrée. Bon c’est un peu dommage qu’ils n’aient pas élargi leur lecteur de cartes à toutes les cartes existantes sur le pays.
Donc je prépare les 160 yens en petites pièces. Pour donner la somme exacte au conducteur au moment de descendre on peut faire de la monnaie grâce à une machine à côté de lui.
J’arrive vite au point de départ du câble car (téléphérique)et des chairlifts, sorte de télésièges de nos stations de ski en bien plus sommaire ici.
J’ai le choix entre le téléphérique à plusieurs où la remontée en chaise plastique le long de la pente qui mène au château au dessus d’un filet de protection à seulement deux mètres de haut.
Moi je trouve ça hyper fun de se balancer dans les airs comme ça au milieu des cerisiers en fleur. Ça ne dure malheureusement que quelques minutes.
Arrivée sur le parvis extérieur du château des cerisiers nous accompagnent tout le parcours jusqu’à l’intérieur de la cour. Des festivités se préparent avec podium, projecteurs et sono pour le Matsuyama Spring Festival.
J’ai pris le billet combiné chairlifts plus visite du château à 1020 yens à un distributeur de tickets bien aidée par une jeune femme affectée là exprès pour les non japonais. En général je ne vais pas à l’intérieur des châteaux, je préfère les extérieurs aux intérieurs mais bon je vais faire durer le plaisir de la visite. Celui ci est fait de beaucoup de bois foncé.
J’arrive juste avant les français, décidément ils me suivent ou quoi ? Bon tout le monde fait la même chose comme visite ici de toute façon.
L’intérieur consiste en plusieurs niveaux auxquels on accède par des escaliers ultra raides. Avec les espèces de pantoufles en latex qu’on doit chausser à l’entrée et que j’ai prises bien trop grandes c’est pas aisé.
Je me demande comment faisaient les samouraïs quand ils devaient parer à une attaque et descendre tout ça en courant. Avec leurs armures qui pèsent des tonnes et en hurlant banzaiiiii.
La vue sur la ville ou sur la Mer Intérieure de Seto depuis le sommet du château est une belle récompense.
Demi tour à l’arrêt de tram qui est pas loin d’une belle plaque d’égout qui est bien jolie.
Cette fois je connais la destination qui est Dogo Onsen. Je suis l’une des premières à monter dans un de ces trams très anciens et pas du tout prévu pour l’affluence de touristes et je réussis à avoir une place au fond.
Un monsieur me demande dans un très bon anglais s’il peut s’asseoir à côté de moi et attaque la conversation. En fait c’est un prof d’anglais, le doyen de l’université qui se rend à une cérémonie de passation d’enseignants, je n’ai pas vraiment bien compris.
Il me complimente sur mon anglais, pfffff, toujours très polis les japonais. Si mes vieux profs d’anglais m’entendaient ils seraient dépités.
Du coup, je fais hyper gaffe de bien mettre le « s » à la troisième personne et tout et tout, j’ai la pression !
Ma troupe de français est coincée, debout et serrée comme des sardines, juste à côté de moi. J’ai toujours une longueur d’avance hé hé. Leur guide n’a pas l’air du tout sympathique et semble blasé avec ses sexagénaires à contrario curieux et enthousiastes posant plein de questions.
Bon le trajet passant vite, il faut 20 grosses minutes depuis la gare pour aller au Dogo Onsen, le tram nous laisse au départ d’un shotengai où se succèdent les commerces à touristes et la particularité ici est de trouver de nombreux magasins proposant des produits à base d’orange. Le climat étant doux et ensoleillé à Matsuyama, il est vrai que j’ai vu pas mal d’orangers.
Au départ de la galerie commerciale on trouve une grande horloge mécanique qui s’anime à chaque heure entre 8h et 22h.
Le Dogo Onsen m’intéresse surtout pour son extérieur, de toute façon il faut payer pour rentrer et je n’ai pas l’intention de faire un onsen, je vais pas me mettre nue tout les quatre matins non plus.
Le bâtiment est splendide et je crois avoir lu qu’il aurait inspiré le réalisateur Miyazaki pour son film « Chihiro ». Inspiration qu’il aurait trouvé également dans le beau onsen que j’irai voir, en fin de voyage, à côté de Nagano à Yudanaka.
Mais pour l’heure celui-ci est en partie en rénovation ce qui gâche un peu la vue.
J’avais repéré un point de vue en hauteur tout à côté et il se trouve qu’il n’y a personne et qu’en plus il y a un bain de pieds.
Je reviendrai plus tard de nuit car le onsen sera joliment éclairé.
En attendant je fais un tour au Dogo Koen, le jardin dont les abords sont garnis de cerisiers en fleur et où les gens commencent à faire hanami. Quatre ou cinq baraques à yakitoris sont là mais ce n’est pas la grosse affluence. Une équipe de TV fait son reportage sur les bôôôô cerisiers en fleur. Leur équipe de tournage est arrivée sur les lieux en mode sirène de police pour passer en priorité dans la circulation alors que j’attendais le tram.
Le jardin donne encore sur une vaste entendue vers les hauteurs mais trop la flemme, et puis la nuit tombe, prétexte pour apaiser ma conscience.
Je retourne au Dogo, le soleil se couche à l’horizon que j’aperçois quand je suis sur mon spot en hauteur.
Je mets mes petons à faire trempette dans l’eau chaude du bain de pieds et même si je n’ai pas beaucoup marché aujourd’hui ça fait du bien.
Désappointée, ils n’éclairent pas les côtés seulement la façade qui m’est cachée.
La compensation est de trouver de chouettes plots de chantier en forme de tortues qui s’ajoutent à ma collec après ceux en forme de singes que j’ai vus à Beppu.
Ça jette quand même !