Mercredi 13 avril 2016
Ben c’est raté pour ma virée aux dunes de Tottori sur la côte nord de Honshu car il pleut trop pour bien profiter des immenses dunes de sable. Du coup, je gagne une journée pour visiter Osaka et ma balade m’emmènera à Amerika Mura, un très chouette quartier de la ville.
Je suis sans mon acolyte japonaise aujourd’hui et j’en profite pour flâner au hasard sans programme précis. J’ai envie d’aller revoir ce quartier branché jeune, vintage et décalé surnommé « Amemura », contraction d’ Amerika Mura, pas loin de Namba.
Mais, avant, je pars complètement à l’opposé en descendant la très longue avenue Sakaisuji pour revoir le quartier Shinsekai qui m’avait fait halluciner en 2014.
Depuis mon hôtel, je marche un bon quart d’heure sous les arcades de l’avenue Sakaisuji où se succèdent les boutiques d’électronique neuf et occasion, de jeux, librairie de manga, restaurants … Artère principale du quartier Denden Town, le paradis des fans d’anime et de manga qui s’étend de Namba jusque vers la station de métro Ebisucho au sud.
Je suis accueillie par l’imposante et massive Tour Tsutenkaku. Elle ressemble à la Tour de Beppu avec la même hauteur de 103 mètres. C’est normal car elles ont toutes les deux été conçues par le même architecte qui a également conçu plusieurs tour dont la Tokyo Tower pour la plus célèbre.
Comme souvent à Osaka et au Japon, ce coin fourmille de détails visuels. Populaire et commerçant, on y trouve de nombreux restaurants aux façades chargées de décorations et suspensions dans plusieurs ruelles piétonnes.
Il faut marcher à deux à l’heure si l’on veut profiter de tout.
C’est pourquoi je ne fais qu’un rapide tour pour avoir du temps pour la suite. Je garde encore les souvenirs de ma visite en 2014 à Shinsekai où j’étais restée bien plus longtemps.
Je rebrousse chemin vers le nord, direction Amerika Mura, le village américain à trois kilomètres.
Sur le chemin j’en profite pour passer par le quartier Hozenji Yokocho qui est situé juste au sud du canal Dotonbori.
Enfin quand je dis que j’en profite pour passer par là, c’est plutôt que je m’y suis retrouvée par hasard. C’est un tel dédale de rues et shotengai dans le coin, qu’il est assez difficile de trouver le temple.
Dans cet écrin de ruelles dont l’atmosphère respire un Japon ancien, se cache la statue bouddhiste recouverte de mousse du temple Hozenji. Les gens l’arrose avec une coupelle d’eau pour exaucer leurs vœux et au fil du temps, la statue de pierre s’est couverte de mousse.
Juste à côté, une ruelle conduit au grand boulevard Midosuji qui borde Amerika Mura sur la droite. Je passe devant un restaurant de fugu qui batifolent dans un énorme aquarium sur le trottoir.
Le boulevard Midosuji enjambe le canal Dotonbori juste à côté de la fameuse enseigne lumineuse de Glico Man.
Je me suis retrouvée sur ce boulevard à l’automne 2017 et le spectacle de couleur jaune d’or des feuilles des arbres tout le long était surprenant. Les ginkgos biloba ont leur feuillage jaune d’or éclatant à l’automne et déposent d’épais tapis de feuilles d’or sur les parterres des parcs comme à Okayama en 2014.
Me voici revenue enfin dans le quartier Amerika Mura que j’avais déjà vu en 2014 également.
Depuis les années 1980, ce quartier n’a cessé d’être investi, approprié, transformé par la jeunesse qui en a fait son quartier.
Les jeunes créateurs s’y sont installés, ont ouvert des cafés, peint les façades de graffitis, ouvert des boutiques de fripes, joué des concerts.
L’influence américaine de la musique, de la mode, des graffitis a contribué à baptiser le quartier Amerika Mura.
La réputation d’ Amerika Mura s’est répandue sur tout le pays et tel un aimant a capté les esprits créateurs japonais qui ont continué à participer à son expansion.
Au cœur du quartier, profitant de l’engouement grandissant, un centre commercial s’est installé en 1993.
Le Shinsaibashi Big Step est un centre commercial de huit étages avec ses restaurants et ses boutiques de fringues. Il a une touche bien à lui, très originale avec ses ascenseurs fluos, son escalator courbe. En fait, je suis venue jusqu’ici car j’avais eu vent d’une salle de flippers étonnante.
J’ai pas mal joué avec les escalators et les ascenseurs puis je me suis posée enfin au troisième étage. C’est là qu’est la salle de jeu exclusivement dédiée aux flippers. Le Silver Ball Planet Flipper est ouvert de 11h à 20h en semaine et 23 h le week-end. Son entrée est gratuite même si elle a des airs de musée du flipper.
Les parties de flipper démarrent de 10 yens pour les très très vieux modèles ultra-basiques jusqu’à 50 ou 100 yens. C’est marrant de retrouver les flippers sur lesquels on a passé du temps quand on séchait les cours.
Il y a des flippers de 1976 à nos jours rassemblés par catégories. Catégories de films essentiellement américains : Indiana Jones, Marvel/DC Comics, Star Wars, etc …
Bon, du coup, je suis restée pas mal de temps ici.
Au quatrième, Il y a aussi une salle de spectacle et un cinéma « art et essai ». Le cinéma a deux salles et projette des films à majorité asiatiques mais j’ai vu quelques films étrangers à l’affiche dont un français. A 1800 yens la séance, le cinéma coûte un bras. Donc je n’y ai pas perdu deux heures de mon temps précieux mais j’ai quand même récupéré quelques affichettes A4 de films comme Apocalypse Now en japonais, ce qui est bien classe.
A côté du cinéma, il y avait un groupe d’adolescentes groupies hyper excitées qui attendaient leurs chanteurs-idoles qui finissaient un concert dans la salle de spectacle.
A chaque étage, les toilettes valent impérativement le coup d’œil. Elles sont décorées dans des styles excentriques et chaque fois différents.
Même si le Big Step mérite un détour pour sa salle de flipper et son design original, la balade dans le quartier vaut encore plus le déplacement. On y sent vraiment l’esprit de créativité débridée où que l’on regarde.
Moi qui aime les collecs, ici, je suis servie. Un nombre conséquent de hauts lampadaires aux allures de garçon de café sont disposés un peu partout dans le quartier. Ils ont chacun été investi par un artiste et sont tous différents. Chacun son style mais à chaque fois c’est une oeuvre d’art. Je ne pense pas les avoir tous vu mais j’en ai photographié quelques uns. En tout cas cela m’a motivée à faire chaque rue de fond en comble.
En déambulant, on trouve de nombreuses boutiques de fripes, des cafés. L’architecture de certains immeubles est complètement déjantée.La boutique de manga Mandarake propose des livres à lire sur place, à même le trottoir, aux passants.
Puis je tombe sur le fameux graffiti “Peace on Earth” peint par un artiste d’Osaka en 1983. Il n’y a que très peu de graffitis au Japon. C’est l’endroit où j’en ai vu le plus.
Finalement, je ne regrette pas d’avoir annulé mon voyage à Tottori où j’irai finalement en 2017.
Cette nouvelle visite d’Amerika Mura, même sous une légère pluie est comme une visite de musée urbain. Il y a tant à voir dans cette ville que parfois, je me demande si je ne la préfère pas à Tokyo.